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La leçon : ou l’incongru de la connaissance.
La valeur de la science n’est plus à démontrer, les revers de ses dérapages non plus. Comment évaluer la vertu d’une application quand l’outil asservit l’utilisateur.
Part 1 : Dans l’immense hall à tout faire, lui servant autant de bibliothèque, de bureau et de studio où il passe l’essentiel de son temps avec sa bouleversante servante Marie, un professeur émérite reçoit et conseille des aspirants à de plus hauts grades. Alors qu’une sulfureuse mais douteuse doctorante sonne à la porte, le professeur épris de son rôle et des avantages qu’il peut lui offrir est aux anges; Marie aux aguets. Et pour cause, elle est plus que avisée des troubles mentaux du professeur qui au gré des circonstances passe de maître à instrument de son savoir. Il lui faut « éviter le pire » scénario, celui dans lequel une vie serait en jeu.
Part 2 : Les immenses compétences du professeur attirent du monde vers son cabinet qui lui sert aussi de demeure, où Marie sa servante malgré la situation lui voue une fidélité sans faille et teintée d’admiration. Elle demeure cependant sur ses gardes, lorsqu’elle accueille malgré elle cette énième visiteuse. Tiraillée entre ses taches ménagères et le besoin de protéger, Marie espionne, fulmine et menace sans véritablement réussir à avoir le dessus sur son extravagant patron. Ce dernier s’évertue à se débarrasser de la servante pour se plonger corps et âme dans l’évaluation des compétences intellectuelles de la doctorante qui s’avèrent calamiteuses. Le doute s’installe, l’excentricité l’emporte sur le sérieux de la tâche, le scénario tant redouté par la servante se précise.
Une histoire racontée en un trait et dans l’unique cadre du cabinet du professeur, dans lequel les meubles constituent aussi les accessoires. Le professeur lui même est aux petits soins avec les ouvrages de sa bibliothèque, desquels il tire le nécessaire à ladite évaluation, et les preuves de la grande ignorance du commun des mortels.
Part 3 : L’ambiance académique est à la faveur du sujet, et de l’expression de l’ensemble des interprètes, admirablement distingués et déterminés par des costumes assortis. Le texte pour sa part est fluide et maîtrisé, et surtout en phase avec le jeu. Tandis que la lumière essentiellement frontale est en accord avec un mouvement scénique limité au nécessaire. On peut y lire une sortes de dérision adressée à la connaissance de manière générale. Phénomène d’ailleurs traduit sur plusieurs niveaux tel que la risée dont Marie est objet de la part des autres. Tandis que l’histoire donne raison à cette représentante du commun des mortels, à qui néanmoins la mise en scène aurait bénéficié en accordant dans la mesure permise par l’adaptation, plus de mots. Elle est pour ainsi dire la seule protagoniste qui en dehors de l’ambiguïté de sa relation avec le professeur, paraît psychologiquement intacte, prouvant que nos connaissances, qu’elles soient pleines ou creuses, peuvent aussi être futiles et nuisibles.